Bonjour Christophe Manka, en tant que Thiernois que représente pour vous cette commune ?
Mes parents étaient commerçants dans le quartier du Pirou et j’ai passé l’intégralité de mon enfance à Thiers. J’y suis revenu il y a une dizaine d’années et j’ai redécouvert ma ville, non plus avec les yeux d’un enfant mais avec ceux d’un adulte. La vie est paisible dans cette ville à taille humaine où tous les services sont à portée de main. Ici, perché sur ce rocher, on peut prendre de la hauteur : il y a quelque chose de magique que l’on ne retrouve pas ailleurs. Je constate d’ailleurs un attrait de plus en plus grand, notamment de jeunes Lyonnais ou Stéphanois pour la cité. Et cela n’est pas dû seulement à la position géographique avec Clermont-Ferrand ou Lyon, mais plutôt à un coup de cœur pour Thiers.
En quoi consiste la Mobilité active et partagée ?
Les mobilités actives (ou mobilités douces) représentent les mobilités alternatives à l’automobile individuelle, où la force motrice humaine est nécessaire au déplacement. Les mobilités partagées constituent les nouvelles offres de mobilité qui répondent à des besoins auxquels, pour des raisons d’efficacité ou de maîtrise des coûts, les offres de transports publics peuvent être moins pertinentes. Il s’agit par exemple de l’autopartage, du covoiturage, de vélos en libre service. Il nous appartient de penser et de déployer de nouveaux services, en analysant leur complémentarité avec les autres services de transports et les modes actifs. Nous menons à ce sujet des réflexions pour trouver des alternatives crédibles à l’usage de la voiture individuelle, qui pourront être mises en place. Cela nécessite de repenser nos modes de vie.
L’écomobilité est un enjeu important pour la Municipalité ?
L’écomobilité vise à favoriser des modes de déplacement plus sobres, plus écologiques et plus durables comme la marche, le vélo, les transports en commun ainsi que le covoiturage. L’objectif est de ne pas avoir recours systématiquement à la voiture, notamment pour les trajets de courtes distances, inférieurs à 10km. Et il y a deux dimensions importantes derrière cette notion. Tout d’abord, l’aspect écologique : avoir un impact environnemental le plus faible possible. Le fait de se déplacer à vélo ou de voyager à plusieurs dans une voiture participe à cette dynamique par exemple. Et il y a l’aspect économique, l’augmentation du prix du carburant a de lourdes conséquences sur notre porte-monnaie. Par ailleurs, se déplacer à pied ou à vélo au quotidien peut avoir un impact significatif et positif sur la santé de chacun.
À noter, en liens étroits avec le SMTUT (Syndicat Mixte des Transports Urbains sur le bassin Thiernois) nous avons initié l’émergence d’une association d’usagers du vélo: Rouet guidon. Sa mission est de promouvoir le vélo comme outil de déplacement du quotidien et de participer à sa réintégration sur notre territoire. Des actions ont déjà vu le jour avec l’organisation d’évènements comme des Vélorutions. L’association proposera également des ateliers d’autoréparation, de remise en selle ou encore de l’accompagnement pour trouver le meilleur itinéraire cyclable entre un lieu de vie et un lieu de travail. (Contact: rouetguidon@mailo.com)
Un nouveau service public : la location de vélos à assistance électrique, vient de voir le jour dernièrement ?
Oui en effet, depuis septembre, le SMTUT propose un service de location de vélos à assistance électrique ouvert à toute la population. Il suffit de se rendre à la Maison de la mobilité (20 rue des Docteur Dumas), qui centralise tous les services en lien avec la mobilité, pour louer un deux-roues. Le parc est composé d’une quarantaine de vélos avec des VTC (Vélo Tout chemin) et des VTT (Vélo Tout Terrain). Il est possible de les louer à la semaine, au mois ou au trimestre. L’exploitation est gérée par l’EBE Actypoles Thiers, Intersport Thiers et Mélo Bike. L’idée, derrière ce dispositif est de remettre le pied à l’étrier, là ce sera une pédale, et de convaincre que le vélo à assistance électrique peut remplacer la voiture individuelle dans beaucoup de situations.
Est-ce que notre rapport avec la voiture doit changer ?
Nous devons être lucides et responsables : en Europe, nous nous trouvons dans un contexte de décrue énergétique subie depuis 2008, qui nous conduit à une baisse de la consommation de pétrole. La mobilité en voiture individuelle pour les trajets courts du quotidien n’est pas la solution de demain. Aujourd’hui, on a tendance à tout faire en voiture même sur de petites distances. Cela a malheureusement de lourdes conséquences sur notre économie, sur notre environnement et sur notre santé. Avec pédagogie, il faut convaincre de changer cette manière de se déplacer. C’est une réalité, on ne pourra pas faire autrement. Et le vélo est une de ces alternatives : c’est un outil accessible qui représente en plus une voie de liberté, voire d’émancipation. À vélo, on voit et on vit le monde autrement. Les impacts positifs sont multiples : sur notre santé, sur la qualité de notre environnement mais également en termes d’inclusion sociale.
Pouvez-vous nous parler du schéma directeur cyclable porté par le SMTUT ?
La mobilité n’est pas un enjeu de demain : c’est l’enjeu d’aujourd’hui. Un cabinet d’études a été missionné pour identifier les besoins du territoire afin de concevoir une cartographie précise des futurs pistes et aménagements à réaliser pour les mobilités actives tant pour les cyclistes que les piétons. L’objectif est de connecter la ville haute à la ville basse en desservant plusieurs zones d’intérêt. Ce sera la colonne vertébrale de ce grand projet afin d’offrir une manière de se déplacer efficiente et sécurisée pour toutes et tous. Actuellement, les infrastructures sont manquantes mais nous travaillons pour que celles-ci émergent le plus rapidement possible. Le schéma directeur cyclable permet également d’agir sur les leviers du développement de la place du vélo dans les déplacements du quotidien et dans l’espace public. Il permet aussi de cibler les besoins de services associés, dont le stationnement vélo, l’entretien et la réparation, les bornes de recharges pour les VAE, mais également l’accompagnement au savoir rouler à vélo, pour les enfants et les adultes.