Une guitare, six cordes en nylon et cinq doigts qui cavalent sur le manche. Le virtuose français Thibault Cauvin est parti, avec son instrument sur le dos, explorer le monde à travers 120 pays. Seul sur scène, le musicien s’imprègne des cultures, du folklore et des histoires pour laisser les notes s’échapper avec élégance et légèreté. Il n’y a plus qu’à les attraper en vol et à se laisser à son tour porter et emporter. Un parfum d’ailleurs émane. Ses mélodies ne connaissent pas de frontière. Pour la sortie de son dernier album, l’artiste rend un vibrant hommage à Jean-Sébastien Bach en plongeant dans l’écriture baroque. Étonnant, souriant et virevoltant, ce prodige est en parfait accord avec son instrument.
1 – Bonjour Thibault Cauvin, vous avez fait le tour du globe avec votre guitare sur le dos. Tous ces voyages et ces rencontres ont eu une résonance sur votre musique ?
Oui tout à fait. Je suis parti, à l’âge de 20 ans, découvrir les richesses et les visages du monde. Sans maison, ni appartement, juste avec ma valise et un aller simple. Je me déplaçais tel un nomade avec cette soif de liberté. J’étais animé par cette envie de jouer loin, toujours plus loin. Cette vie d’explorateur m’a permis de faire de merveilleuses rencontres. Je pouvais me retrouver un jour à New-York devant un public averti et un autre jour, au Cap-vert dans une ambiance plus intimiste. Chaque concert avait une saveur incroyable et une intensité folle. J’aime observer, comprendre ces cultures et les retranscrire en musique.
2 – Vous êtes né avec une guitare entre les mains. Pouvez-vous nous parler de votre relation avec cet instrument ?
Au plus loin que je me souvienne, je devais avoir 5 ans lorsque j’ai découvert la guitare classique. J’ai eu la chance de grandir dans une famille de musiciens. Mon père est un grand guitariste contemporain. C’est lui qui m’a initié à la musique. Mon frère est également guitariste et compositeur. Il a écrit des morceaux pour certains de mes albums. La guitare est un formidable instrument de voyage. Elle m’accompagne partout et elle nous est familière, accessible et populaire. On la retrouve dans de nombreuses cultures africaines ou encore américaines.
3 – Sur scène, vous partagez également vos aventures ?
Je conçois mes représentations plus comme des spectacles que des concerts. J’invite le public à voyager avec moi, à se laisser porter, à rêver le temps d’une soirée. J’ai vécu des expériences intenses, atypiques et je souhaite les partager. Toutes mes partitions, je les raconte. Chaque morceau a sa propre histoire aux couleurs de la Mongolie, de la Turquie, et de tous les pays que j’ai eu la chance de traverser. Une invitation onirique et poétique.
4 – Pour ce dernier album, vous avez voulu rendre hommage à Jean-Sébastien Bach ?
Sa musique est universelle et intemporelle. J’ai étudié ses œuvres par le passé mais il y avait quelque chose qui m’effrayait dans cette musique riche et savante. Je ne me sentais pas légitime pour en jouer. Un soir dans mon appartement parisien, je suis retombé sur ce compositeur et j’ai été envahi par un sentiment inhabituel : la sérénité. Je suis parti dans cette quête pour l’écriture de ce dixième album. L’enregistrement a eu lieu dans une chapelle romane, en Dordogne, éclairée à la bougie la nuit tombée. Un lieu intime avec une acoustique bien particulière.
5 – Quelle est votre conception de la musique ?
Je garde un lien fort avec la vraie vie en restant connecté avec ce qui se passe autour de moi. C’est ce qui ressort dans ma musique. Le message que je veux faire passer est que même les musiques qui paraissent complexes sont en réalité accessibles. Il suffit de prendre le temps d’écouter. Un coucher de soleil prend toute sa force lorsqu’on le contemple. On peut alors voir et comprendre toutes les subtilités de sa composition. Dans mes spectacles, je veux que le public soit acteur, songeur et rêveur.